Spectacle Son et Lumière : La genèse

Frédéric CLAUDE, metteur en scène du spectacle son et lumière "La Légende des Larmes du Salat" de la 30eme édition d'Autrefois le Couserans nous décrit la genèse du spectacle :

"Claude Baquié (créateur d’Autrefois le Couserans et des Transhumances) m’a sollicité, suite à notre première expérience réussie avec Autrefois le Couserans pour le spectacle « La Guerre des demoiselles », pour évoquer la possibilité d’une création pour les festivités des 30 ans d’Autrefois le Couserans. Un spectacle son et lumière exceptionnel, créé spécialement pour l’occasion sur le Salat et le Palais des Vicomtes de Saint Girons, avec une image en tête, comme une rêverie : le vicomte regardant un cygne sur le Salat…

S’ensuivit alors quelques recherches sur l’histoire du bâtiment, l’utilisation du Salat à travers les époques, ses affluents et les légendes du Couserans, grâce à l’aide précieuse de Jimmy Gadal, spécialiste de l’histoire de l’Ariège.


A la vue du bâtiment, j’ai été attiré par les reflets des lumières de la ville dans l’eau du Salat, celui-ci prend alors des allures dorées. Dès lors, l’idée de dessins qui se reflèteraient donneraient l’occasion de le colorer, de lui donner un côté magique, et aussi de l’utiliser afin qu’il soit partie intégrante du spectacle.

L’idée de conter la légende de la naissance du Salat paraissait alors la plus intéressante.

Cette légende, de tradition orale, comprend plusieurs versions qui diffèrent quelque peu les unes des autres. J’ai pioché dans chacune des versions les éléments qui me semblaient intéressants pour en créer une nouvelle, hybride, servant de base à l’histoire. J’ai également souhaité m’inspirer des grands mythes et légendes européens, notamment « Les métamorphoses » d’Ovide ou des traditions nordiques. Le contexte de l’histoire est lié également aux coutumes et au folklore pyrénéen à travers la fête de la Saint Jean, fête païenne par excellence où les feux de solstice du Moyen-Age devaient éloigner les sorcières et le carnaval où l’on conjurait les peurs à travers des costumes et des masques d’animaux et de monstres.

J’ai souhaité inclure dans l’histoire plusieurs lieux emblématiques du Couserans, en rapport avec des affluents du Salat, et imaginer une épopée, à la manière du « Merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède ».

Nous avons une trame simple, claire, facile à suivre mais faisant écho à des concepts plus poussés : le voyage se transformant en voyage intérieur, le thème du miroir (comme le reflet de l’eau) d’où jaillit leurs peurs et leurs doutes de Carméla, la condition féminine et le rejet à travers Jeanne, le regard sur ce que l’on a accompli de sa vie par le vicomte, et le courage et la confiance en soi pour Pierrot, le jeune berger.

La thématique des 4 éléments, que l’on retrouve à la fin du spectacle est également un point d’appui. J’ai perçu que les activités d’Autrefois le Couserans et le Couserans lui-même y sont intimement liés : L’importance de la terre nourricière pour les hommes avec les moissons, le feu de la forge, l’eau comme puissance à dompter avec « la houille blanche » et la force du vent pour les moulins par exemple.

Chacune des scènes principales du voyage est associée à un élément : air au Mont Rouch, eau à la Cascade d’Ars, terre/pierre au Glacier d’Arcouzan et le feu à la Chapelle Saint Sernin, ainsi que les personnages, chacun ayant un trait de caractère y ramenant et lui donnant une couleur particulière.

J’ai souhaité que ce spectacle soit avant tout visuel. Ainsi, les projections feront cheminer les spectateurs à travers le Couserans, et les dessins projetés en direct permettront de les faire voyager dans les différents lieux évoqués et de les transformer pour obtenir une dimension onirique et poétique.

Le Salat deviendra alors une toile sur laquelle viendront se poser les reflets des projections, des lumières et des comédiens.

Le spectacle se veut total dans le sens où il appellera une multitude de disciplines artistiques et un lien entre l’ancien dans son récit et le moderne dans son application : des scènes théâtralisées, en costumes d’époque avec des danses et des musiques traditionnelles grâce au groupe « La Bethmalaise », de la danse classique et du théâtre corporel, de la vidéo, des dessins…"

Frédéric CLAUDE